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MOHAMED CHEICK MKHAITIR
MAURITANIA
En vertu de la Constitution mauritanienne, l’État garantit « l’inviolabilité de la personne humaine ». En avril 2018, une modification législative a rendu obligatoire la peine de mort en cas de « propos blasphématoires » et d’« actes sacrilèges » (Article 306 du Code pénal). L’adoption d’un tel texte constitue un véritable retour en arrière pour ce pays qui, pourtant, n’a procédé à aucune exécution depuis 1987 et même ratifié de nombreux traités internationaux concernant les droits humains. Au moins 123 personnes condamnées à mort sont actuellement détenues en Mauritanie. (www.hitc.com) La majorité d’entre elles sont détenues dans des prisons très éloignées de la capitale et ne voient quasiment jamais ni leur avocat, ni leur famille. La Mauritanie est également l’un des 12 États dont la législation prévoit encore la condamnation à mort pour homosexualité. Le Mauritanie ainsi que les autres États du Maghreb que sont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont tous en moratoire de facto depuis plusieurs dizaines d’années. Ces dernières années cependant, les contextes politiques et sécuritaires ont freiné les progrès, et notamment l’adoption de réformes législatives. Toutefois, des acteurs locaux (parlementaires, institutions nationales des droits de l’homme, coalitions nationales contre la peine de mort, avocats, etc.) demeurent fortement mobilisés pour l’abolition de la peine de mort.
Une grande partie des incriminations passibles de la peine de mort dans la loi mauritanienne reposent expressément sur la loi du talion appelée qisas, la victime (ou la famille de la victime) ayant droit à une rétribution « équivalente » au dommage subi, l’expression même de la vengeance plus que de la justice. Cette soif de vengeance caractérise également l’histoire de Mohamed Mkhaitir. L’affaire a suscité de vives réactions au sein de la population mauritanienne. La sentence prononcée à l’encontre du blogueur, qui dénonçait par ailleurs les violations des droits humains au sein de la société mauritanienne ne répondait pas à une justice à la hauteur d’un État de droit. La peine de mort perpétue un cycle de violence inouïe au sein des sociétés qui la pratiquent encore. C’est ainsi que plusieurs défenseurs des droits humains dont Mekfoula Brahim ont reçu des menaces de mort pour le simple fait d’avoir réclamé l’annulation de la condamnation à mort de Mohamed Mkhaïtir.
BOOK
Routledge Hanbook on Capital Punishment
Author: Nordine Drici
Edited by: Robert M. Bohm, Gavin Lee
Published date: 2019
Nombre de pages : 137
Capital punishment is one of the more controversial subjects in the social sciences, especially in criminal justice and criminology. Over the last decade or so, the United States has experienced a significant decline in the number of death sentences and executions. Since 2007, eight states have abolished capital punishment, bringing the total number of states without the death penalty to 19, plus the District of Columbia, and more are likely to follow suit in the near future (Nebraska reinstated its death penalty in 2016). Worldwide, 70 percent of countries have abolished capital punishment in law or in practice. The current trend suggests the eventual demise of capital punishment in all but a few recalcitrant states and countries. Within this context, a fresh look at capital punishment in the United States and worldwide is warranted.
The Routledge Handbook on Capital Punishment comprehensively examines the topic of capital punishment from a wide variety of perspectives. A thoughtful introductory chapter from experts Bohm and Lee presents a contextual framework for the subject matter, and chapters present state-of-the-art analyses of a range of aspects of capital punishment, grouped into five sections: (1) Capital Punishment: History, Opinion, and Culture; (2) Capital Punishment: Rationales and Religious Views; (3) Capital Punishment and Constitutional Issues; (4) The Death Penalty’s Administration; and (5) The Death Penalty’s Consequences.
This is a key collection for students taking courses in prisons, penology, criminal justice, criminology, and related subjects, and is also an essential reference for academics and practitioners working in prison service or in related agencies.
movie
The accused: damned or devoted?
Réalisé par Mohammed Ali Naqvi
Native country: Royaume-Uni
Duration: 74 minutes
Release date: 2020
Au Pakistan, quiconque est accusé de blasphème encourt la peine de mort. Alors que les militants pour les droits civiques réclament depuis des années la révision de cette loi adoptée en 1986, Khadim Hussain Rizvi, fondateur du parti intégriste islamiste Tehreek-e-Labbaik, a orchestré une campagne violente pour lui afficher son soutien. Il incite ses millions de sympathisants à attaquer eux-mêmes les personnes accusées de blasphème. Asia Bibi, une paysanne chrétienne condamnée à mort pour blasphème en 2010, après avoir été accusée d’avoir bu dans le même gobelet que des femmes musulmanes de son village, est ainsi devenue l’un des symboles de cette radicalisation violente. Après avoir vu sa peine confirmée en appel, elle a finalement été acquittée par la Cour suprême en 2018…
podcast