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MARIE-LOUISE GIRAUD

FRANCE

© DR
1903 – 1960
Exécutée le 39 juillet 1943 pour avoir pour avoir pratiqué 27 avortements illégaux
Marie-Louise est une inconsciente. Elle ne lit pas les journaux, elle ne sait pas qu'elle est devenue « assassin de la patrie ».

La peine capitale pour les femmes tend à disparaître dans la deuxième moitié du XIXe siècle. L’article 25 du code pénal dispose que, si une femme condamnée se déclare enceinte, elle n’est exécutée qu’après sa délivrance. De même, les mères infanticides sont de moins en moins condamnées à mort. C’est ainsi que depuis le 24 janvier 1887 et l’exécution de Georgette Thomas, condamnée pour avoir brûlé vive sa mère qu’elle croyait possédée, il n’y a plus eu d’exécution de femmes. Elle est la dernière guillotinée en place publique. Les conditions de l’exécution ont été tellement pénibles que l’exécuteur public, Louis Deibler, demande à être dispensé de ce genre d’exercice à l’avenir. L’abolition féminine de fait, a lieu. Les Présidents en fonction gracient systématiquement les femmes, en cas de condamnation à la sanction capitale par des jurys populaires de cours d’assises. Mais sous l’État français, le Maréchal Pétain est moins clément. Il refuse leur grâce à cinq femmes pour crimes de droit commun. Elles sont exécutées au moyen de la guillotine, dans l’enceinte des prisons.

La première à ouvrir cette morbide liste est Élisabeth Lamouly, veuve Ducourneau, condamnée le 26 avril 1940 par la cour d’assises de la Gironde pour avoir empoisonné sa mère et son mari. Elle est exécutée le 8 janvier 1941 à Bordeaux dans l’enceinte du Fort du Hâ. L’exécution est relatée comme éprouvante, la condamnée ayant été guillotinée nue, car elle ne se laissa pas habiller, l’idée d’être décapitée l’ayant rendue folle. Puis c’est au tour de Georgette List, épouse Monneron, exécutée le 6 février 1942 pour avoir tué avec son mari leur fillette de 4 ans à force de mauvais traitements. Suit Germaine Besse, épouse Legrand, exécutée le 8 juin 1943 à Saintes pour avoir tué le fils de son mari alors âgé de 8 ans. Czeslava Sinska, veuve Bilicki, est quant à elle guillotinée à Chalon-sur-Saône le 29 juin 1943 pour avoir tué et découpé son mari avec l’aide de son amant.

Marie-Louise Lempérière, épouse Giraud est condamnée par le tribunal d’État, section de Paris, pour avoir pratiqué 27 avortements dans la région de Cherbourg. La loi du 15 février 1942 estime que l’avortement est un crime d’État. Elle est exécutée le 30 juillet 1943 à 5h25, dans la cour de la prison de la Petite Roquette. Trente ans plus tard, Simone Veil raconte dans Les hommes aussi s’en souviennent, qu’à la fin des années 50, quand elle travaille dans l’administration pénitentiaire, l’affaire hante encore de nombreuses secrétaires. Une affaire « qui les avait profondément traumatisées ». Claude Chabrol s’empare de son histoire et en fait un film « Une Affaire de femmes », qui sort en 1988. Isabelle Huppert y interprète le rôle de Marie-Louise.

Rappelons toutefois qu’un homme, Désiré Pioge, a été exécuté pour les mêmes faits que Marie-Louise Giraud. Hongreur à Saint-Ouen-en-Belin dans la Sarthe, il doit répondre de trois avortements le 12 août 1943, toujours devant le Tribunal d’État. Condamné à mort, sa demande de grâce est rejetée par le cabinet civil du Maréchal Pétain le 11 octobre. Il est exécuté le 22 du même mois.

Mais les exécutions de femmes ne s’arrêtent pas avec le retour de la République. Ainsi, le Président Vincent Auriol refuse lui aussi de gracier quatre femmes entre 1947 et 1949.

Enfin, l’épouse de gendarme Madeleine Mouton est exécutée le 10 avril 1948 à Sidi-Bel-Abbès, en Algérie française, pour avoir empoisonné onze personnes (dont quatre victimes ont survécu). Il s’agit de la seule et unique femme exécutée par guillotine en Algérie durant la colonisation française.

Toutes ces femmes sont décapitées par le bourreau Jules-Henri Desfourneaux, à l’exception de Madeleine Mouton, l’Algérie française ayant son propre exécuteur des hautes œuvres, Maurice Meyssonnier.

À partir de 1949, les femmes condamnées à mort sur le territoire français sont graciées jusqu’à la toute dernière. Elle se nomme Marie-Claire Emma et sa peine est commuée par le Président Pompidou suite à sa condamnation le 26 juin 1973 pour l’assassinat de son mari.

Marie Bardiaux-Vaïente

Qui touche à mon corps je le tue

Auteur : Valentine Goby
Date de parution : janvier 2010
Éditeur : Gallimard
Genre : Roman

« Elle n’avait pas vraiment cru à la grâce. Au début oui, ils avaient l’air si sûr. Et puis l’idée s’est érodée, lentement, sous l’effet de l’attente. Et maintenant ils viennent lui trancher la tête. Pour de vrai. Tout de suite. Ils avaient donc raison, ces juges, elle est un monstre, le jour du procès ils ont dit que les monstres commettent le mal sans même en avoir conscience. Tout d’un coup elle pense que c’est peut-être juste, alors, qu’elle doive mourir. »

Marie G., faiseuse d’anges, dans sa cellule, condamnée à mort. Lucie L., femme avortée, dans l’obscurité de sa chambre. Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l’attente du jour qui se lève. De l’aube à l’aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort.

Une affaire de femmes

Réalisé par Claude Chabrol
Acteurs principaux :
Isabelle Huppert, François Cluzet, Nils Tavernier, Marie Trintignant
Sociétés de production : Les Films du Camélia, Les Films A2, MK2 Productions, La Sept
Pays d’origine : France
Genre : drame
Durée : 110 minutes
Sortie : 1988

Marie, mère de famille, accepte d’aider une jeune voisine à se débarrasser d’un enfant non désiré. Encouragée par le succès, elle entame un processus qui en fera une faiseuse d’anges, et une femme adultère. Mais la dureté de la vie sous le régime de Vichy la rattrape, elle est dénoncée par son mari et finira guillotinée pour l’exemple.

LE PROCÈS DE LA FAISEUSE D’ANGES – DESTINATION DROIT
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