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PLACE DE L’HÔTEL DE VILLE

La première exécution par guillotine eut lieu en place de Grève. Il s’agit de Nicolas Jacques Pelletier, le 25 avril 1792 : « Le criminel qui doit aujourd’hui éprouver le premier l’effet de cette machine nouvelle est Nicolas Jacques Pelletier, déjà repris de justice, déclaré par jugement rendu en dernier ressort le 24 janvier dernier au troisième tribunal criminel provisoire, dûment atteint et convaincu d’avoir de complicité avec un inconnu, le 14 octobre 1791, vers minuit, attaqué, dans la rue Bourbon-Villeneuve, un particulier auquel ils ont donné plusieurs coups de bâton, de lui avoir volé un portefeuille dans lequel était la somme de 800 livres en assignats. Pour réparation, le tribunal l’a condamné à être conduit place de Grève revêtu d’une chemise rouge, et à y avoir la tête tranchée, conformément aux dispositions du Code pénal[1]. » Mais la place de Grève n’a pas attendu la Révolution pour être un lieu d’exécution. Son activité est très ancienne. On retrouve des traces de mises à mort déjà sous Philippe Le Bel. Tout comme la décapitation à l’aide d’une machine est un supplice antique. Des usages ont été mis à jour en Gaule, avant même la conquête romaine. On a trouvé, à Limé, dans le canton de Sains (Aisne), un volumineux couperet de silex, pesant environ une centaine de kilogrammes, et que les antiquaires ont reconnu être un tranche-tête gaulois, une guillotine de l’âge de pierre. On a tenté, à l’aide de ce disque de silex, des expériences concluantes. En le faisant mouvoir sous forme de pendule suspendu à une longue tige, on opère facilement la sécation de têtes de moutons.

Mais au XIXe siècle, la place de Grève va cesser d’être le témoin de l’horrible office. Le ministre de la Justice, Félix Barthe, demande à ce que l’on déplace les exécutions. C’est le terme de plus de cinq siècles d’exécutions capitales en ce lieu. Le préfet de la Seine signe, le 20 janvier 1832, un arrêté officialisant le nouvel endroit. C’est l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Jacques – la place Saint-Jacques -, qui lui est préféré. Plus tard, alors qu’elle aura de nouveau été déplacée jusqu’à la Grande Roquette, la guillotine revint dans le quartier, avec les exécutions devant puis à l’intérieur de la prison de la Santé.

« Nous, Pair de France, préfet,

Vu la lettre qui nous a été adressé par M. le procureur-général de la Cour royale de la Seine ;

Considérant que la place de Grève ne peut plus servir de lieu d’exécution depuis que de généreux citoyens y ont glorieusement versé leur sang pour la cause nationale24 ; considérant qu’il importe de désigner de préférence des lieux éloignés du centre de Paris et qui aient des abords faciles ; considérant en outre que, par des raisons d’humanité, ces lieux doivent être choisis le plus près de la prison où sont détenus les condamnés ; considérant que sous ces différents rapports la place située à l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Jacques parait réunir les conditions nécessaires ;

Avons arrêté :

Les condamnations emportant la peine capitale seront à l’avenir exécutées sur l’emplacement qui se trouve à l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Jacques.

Signé comte de Bondy. »

Il y aura encore d’autres espaces de supplice jusqu’en 1939 et la dernière exécution publique, avant que les mises à mort ne soient honteusement cachées sous le dais noir, dans l’enceinte des prisons.

 

Marie Bardiaux-Vaïente

[1] Daniel Arasse, La Guillotine et l’imaginaire de la Terreur.

Les revenants de la Place de Grève

Auteur : Augustin Challamel
Genre : Essai
Éditeur : Alphonse Lemerre
Date de parution : 1979

La larme du bourreau

Film de Layth Abdulamir
Production : Orok Films
Genre(s) : Documentaire
Thèmes : Politique, Religion
Langue de tournage : Arabe
Autre pays coproducteur : France
Nationalité : France
Année de production : 2013
Durée : 26 min 13 secondes

La peine de mort perdure dans certains pays. Ashmawi, le bourreau d’Égypte est convaincu d’être « la main de Dieu sur terre », un professionnel minutieux du meurtre légal. Les condamnés, quant à eux, témoignent de leur souffrance et de l’insoutenable attente de la mort.

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